C’est au cœur de la capitale, derrière les portes de deux hôtels particuliers, que se cache l’Hôtel Le Ballu. Cette adresse confidentielle semble tout droit sortie d’un monde imaginaire et d’une époque indéterminée. La rédaction de Signatures Singulières Magazine pousse les portes de ce haut lieu de l’hôtellerie de luxe parisienne. Visite guidée…
Ci-dessus : Julia et Thomas Vidalenc.
Un phénix endormi
C’est dans l’écrin prestigieux de la Nouvelle Athènes que se niche les deux hôtels particuliers qui composent l’Hôtel Le Ballu. Très prisé par l’élite artistique et intellectuelle du XIXe, ce quartier de la capitale n’a rien perdu de sa branchitude. En effet, l’hôtel est lui-même le témoin de la riche histoire architecturale du quartier avec ses façades qui jouent la carte du mélange des genres. Côté pile, une façade en briques rouges d’inspiration flamande construite en 1891. Côté face, une façade classique avec ornementation en pierre de taille. Il fallait bien tout le talent du couple Vidalenc pour réécrire l’histoire de ce lieu. Anciens bureaux de la SACEM, l’Hôtel Le Ballu renaît de ses cendres sous le regard audacieux de Julia, l’hôtelière et de Thomas, l’architecte.
Clin d’œil à Tintin
Lorsque l’on pénètre dans l’Hôtel Le Ballu, on est immédiatement happé dans un véritable univers en soi. Le lieu fourmille de références au graphisme de la bande dessinée franco-belge des années 70 et à l’architecture de l’Europe de l’Est des années 60. Notamment tous ces traits d’encre noire d’épaisseur constante qui isolent chaque élément en une cellule colorée. Comme autant de vignettes de BD qui sont habillées de chaises, lampes ou tabourets importés d’Europe de l’Est. Résultat ? Un récit visuel sobre, précis et rigoureux qui nous embarque dans une parenthèse hors du temps. Le couple Vidalenc, assisté du studio de direction artistique et de design Ben Wrobel, a réussi le tour de force de matérialiser sous nos yeux la Syldavie, ce pays cher à Hergé. Entre les murs de l’Hôtel Le Ballu, de l’imaginaire à la réalité, il n’y a qu’un pas…
L’art de l’anti-coordonné
Pour rendre son lustre d’antan à ces édifices, Julia et Thomas Vidalenc ont choisi de briser les codes du luxe d’apparat. Fan de l’anti-coordonné, le duo complice à la ville comme à la scène ose les mariages de styles les plus improbables. Le ton est donné dès l’entrée où se côtoient une tapisserie momumentale et un plafonnier tubulaire moderniste dessiné par l’agence Vidalenc. Les 37 chambres de l’hôtel n’échappent pas non plus à la règle. Ici, le mobilier, les tissus et les matériaux de toutes les époques discutent et se répondent dans un dialogue étonnament harmonieux. Il n’y a sans doute qu’au Ballu où les laines peuvent épouser les velours gaufrés ou la bakélite avec autant de grâce. L’esprit de mélange cher au Ballu se dissimule jusque dans la carte néo-bistrot du restaurant de l’établissement qui fait la part belle aux associations savoureuses. Ah décidément, il fait bon vivre en Syldavie !
©Virginie Faucher
Hôtel Le Ballu
30 rue Ballu
75009 Paris
Tél. : +33 (0)1 86 54 21 21
www.leballu-paris.com
Agence Vidalenc Architectes
20 rue de Longchamp
75116 Paris
Tél. : +33 (0)1 44 43 03 03
www.vidalenc.com